Le lait est composé de matières grasses, de matières protéiques, minérales et de sucre. La caséine est obtenue par coagulation du lait écrémé ; elle est insoluble dans l'eau, mais gonfle a son contact. Elle est soluble dans des solutions alcalines, elle brûle difficilement.
La caséine était déjà connue et utilisée en additif aux pigments, dans la composition du papier photo et comme colle. Il semble que ce dernier procédé était déjà connu sous l'Antiquité, en tout cas on en trouve la première trace écrite vers 1350 dans un ouvrage sur « Le secret des Arts».
Dès 1870 on trouve la trace de la caséine dans différents brevets Allemands et Anglais qui, en utilisant le lait, permettaient la fabrication d'une matière pouvant imiter la corne, le marbre ou la porcelaine.
C'est un Français en 1893 qui découvrira la propriété du formol d'insolubiliser la matière albuminoïde et de la durcir. Cette découverte n'aura pas de suite en France. Mais Alfred Trillat, un chimiste autodidacte, consacrant son activité à l'étude de «l'aldehyde formique» et de ses applications, mettra néanmoins au point un procédé industriel de fabrication du formol à haut rendement. Il faut attendre les environs de 1895 en Allemagne pour que la recherche sur l'utilisation de la caséine durcie commence a aboutir, Wilhem B. Krische, associé avec Adolf Spitteler, trouvent eux aussi une solution à l'insolubilisation de la caséine et ils parviennent à la durcir par le même traitement au formol. Après deux années d'efforts ils arrivent à mettre au point une nouvelle matière susceptible de concurrencer le Celluloïd, matière dure que l'on peut poncer et faire briller par polissage.
La caséine durcie était née. Deux sociétés, l'une Française et l'autre Allemande, commencent à la fabriquer industriellement. Une usine installée dans le nord de la France fournit la caséine de base à ces deux sociétés.
En 1905 une nouvelle société allemande voit le jour (la International Galalith Gesellschaft Hoff et Cie) ; elle rachète la société Française en faillite et de ce fait domine le marché. Le mot « Galalith , pierre de lait en Grec » devient le terme générique. En 1914 la production en est déjà de plusieurs centaines de tonnes et emploie plus de 3000 personnes.
La guerre en 1914 va tout bouleverser, La fabrication cesse pratiquement en Allemagne faute de caséine, celle-ci étant presque totalement fabriquée en France. C'est à partir de cette période qu'en France, la production de la Galalithe va prendre son essor, grâce à l'excellente qualité de la matière première (la caséine). D'autre part, l'utilisation du celluloïd étant menacée pour sa grande inflammabilité, et en raison aussi de l'emploi de la nitrocellulose pour raison de guerre, la Galalithe va donc être utilisée en remplacement par de nombreuses industries.
Les principales applications se feront dans la lunetterie, les peignes, tous les objets tournés, la bijouterie, les manches de couteaux, les boutons, les aiguilles à tricoter, les isolants électriques etc etc...
Le grand intérêt de la Galalithe est dans sa densité ; elle est totalement inodore, résiste aux acides, aux solvants, elle est ininflammable, elle se travaille comme le bois, en sciage, tournage, fraisage, perçage, collage et se polit mécaniquement ou à la main. Son seul défaut est d'être sensible à l'eau et donc à l’hygrométrie de l'air.
En y ajoutant des colorants dans sa première phase de fabrication, il est possible de la colorer à l'infini et lui donner ainsi des aspects imitant l'ivoire, le marbre, l'écaille, la corne, etc. N'ayant pas la capacité à être moulée, elle était fabriquée sous la forme de plaques de différentes épaisseurs ( de 2 à 22 m/m), de bâtons, de tubes, et donc travaillée manuellement.
Les délais de fabrication étaient relativement longs, une plaque de 4 m/m d'épaisseur devait être immergée environ 13 jours dans un bain de formol à 4 %, une plaque de 8 m/m 2 mois et une plaque de 10 m/m 3 mois.
Entre 1930 et 1940 l'industrie de la caséine durcie périclite en raison de la crise économique et d'une concurrence accrue. En 1940 il ne reste qu'une huitaine de sociétés de fabrication, et la production annuelle est d'environ 2700 tonnes.
Après une interruption due à la guerre, la fabrication reprend en 1947. Un société se démarque : ce sont les Ets Feuillants à Ezy sur Eure, avec plus de 530 tonnes. Il faut noter que cette industrie employait après la guerre 600 à 800 ouvriers en production et entre 7 000 et 10 000 dans le façonnage.
A partir de 1975 la production devient pratiquement nulle. La Galalithe est peu à peu remplacée par des matières plus productives, les résines de polyesters prennent le relais et sont moins chères, l'évolution du marché laitier se développe et de ce fait la transformation du lait écrémé en caséine n’a plus d’intérêt.
Echantillons de galalithe ancienne